Conférence « Bollywood, une certaine idée de l’Inde »
Portes Ouvertes – Mars 2013
Par Monique Dagnaud sociologue à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) et Kristian Feigelson maître de conférence à l’Université III Sorbonne Nouvelle.
La conférence était présentée par Monique Dagnaud et illustrée d’extraits de films et d’un documentaire d’ARTE.
Quatre grandes phases historiques du cinéma indien.
1- 1910-1920
Le cinéma muet était accompagné de la voix d’un commentateur. Le premier studio est né à Nashik. Les thèmes étaient mythologiques. Les femmes n’ont joué que plus tard, dans les années 20.
Films :
- Raja Harishandra (1913), inspiré du Mahabharata, et à l’instar des films sur la vie du Christ de cette époque
2- Années 30
Le début du parlant est tourné en studio, comme en Europe et aux USA. Les réalisateurs sont moins dilettantes et plus cultivés que dans la période précédente. Les grands studios apparaissent. Les acteurs étaient encore pauvres et avaient un emploi par ailleurs.
La musique s’impose très vite dans le cinéma parlant (à l’image des récits et chants des colporteurs), les musiciens étant dissimulés derrière la scène. Les films sont en langue Hindi ou Bengali, non comprises de tous.
Les anglais ont incité au développement du cinéma indien, ce qui a participé à résister à la poussée américaine.
Films :
- Alam Ara (1931) tourné en studio près d’une voie ferrée. Le son étant enregistré en live, les tournages devaient avoir lieu la nuit pour éviter les bruits environnants
- Aadmi (1938), histoire d’amour entre un policier et une prostituée
- Sati Madalasa (1932), avec de nombreuses musiques et chansons en arrière plan
- Jawani Ki Hawa (1935), film policier romantique avec la célèbre actrice Devika Rani
- Achut Kanya, avec Ashok Kumar, à l’époque jeune laborantin remplaçant
3- Post indépendance de 1947
Le terreau politique et identitaire a fait le lit du cinéma indien, facteur de construction et d’identité nationale, avec une forte dimension politique : un ciment pour les sociétés selon Nehru. La société fait les films et les films font la société. Le cinéma est souvent développé par la société civile et les industriels locaux. Les films traitent de thèmes sociaux, à l’italienne. Les thèmes traditionnels restent privilégiés : intrigue familiale, mariage …
Plus tard apparaitront les films en langues régionales, accessibles au plus grand nombre.
Films :
- Mother India (1957)
- Fleur de papier (1959) de Guru Dutt, histoire d’un artiste malheureux
- L’Assoiffé (1957) du même réalisateur, histoire d’un poète incompris
4- Epoque contemporaine
L’émergence de la télévision accroit la concurrence, et l’Inde augmente sa production avec un public fanatique. D’autres univers s’ouvrent : le documentaire, le cinéma d’auteur, et les sujets contemporains comme la femme, l’homosexualité, l’esclavage moderne.
Le cinéma indien, puissant dans un pays encore peu développé, participe de la diffusion douce culturelle indienne, au même titre que sa cuisine ou ses codes vestimentaires.
Films :
- La danse du vent (2013)
- Peepli (2010)
- Angadi Theru (2010)
- Wake up Sid (2009)
- Chokher Baki (2003)